Qu’est-ce-que IIIF ?
N’avez-vous jamais rencontré de difficulté pour zoomer en profondeur l’image d’un acte de l’état civil ? Ne vous êtes-vous jamais acharné sur l’affichage en haute résolution d’une image cadastrale pour l’imprimer ensuite dans votre future publication ? Parvenez-vous systématiquement à déchiffrer une écriture ancienne en zoomant sans perdre en résolution d’image ? Ne vous êtes-vous pas acharné contre la visionneuse de telle archive départementale qui ne fonctionnait pas comme la visionneuse de votre centre préféré ?
Hé bien non, toutes ces tracasseries seront bientôt derrière vous !! La visionneuse IIIF, une révolution généalogique en marche !! Ce nouveau standard va bientôt résoudre tous nos problèmes d’affichage d’images numérisées. IIIF, qui siginife International Image Interoperability Framework, est déjà un signe que vous pu déjà croiser au détour d’une publication. Il suffit pour cela de lire le dernier numéro de la revue française de généalogie du mois de juin (le n°266), mais en encart promotionnel à la fin de la revue… Alors que ce nouveau standard d’échange de données aurait dû paraitre en première page. Et pour cause…
Sans trop rentrer dans les détails techniques qui feront l’objet d’un autre article de blog, IIIF est décrit comme, à la fois, une communauté et un nouveau cadre d’interopérabilité des images. Personnellement, je parlerais plutôt de nouvelles briques technologiques. Elles permettent l’affichage sur n’importe quelle plateforme compatible IIIF de données structurées, les données techniques propres aux images certes, mais aussi les données liées. J’entends par là les métadonnées descriptives de l’image, la table de matière cliquable du document, le résultat de l’océrisation du texte cherchable, et tout autre type d’annotations. Pour les annotations, je pense aux transcriptions collaboratives ou aux renvois vers des commentaires de pages extérieures servant à analyser le document en question. En attendant d’ailleurs une analyse plus approfondie, allez donc voir le site du logiciel Adno, une perle (https://adno.app/fr/) Et pour couronner le tout, bien sûr, toutes ces données ne quittent pas le serveur sur lequel elles sont hébergées.
Dans ce premier article de blog dédié à IIIF, nous nous limiterons aux deux principaux centres d’intérêt du standard IIIF: le zoom puissant et l’interopérabilité des images. Cette dernière permet l’affichage d’images IIIF superposées dans une visionneuse multifenêtres pour visualiser des informations de différente nature, ou pour comparer les images entre elles.
Le zoom profond
Le standard IIIF manipule des images haute résolution au format jpeg 2000. JPEG 2000 est une norme de compression d’images et peut travailler avec ou sans perte d’information. Ses performances en compression (avec et sans perte) sont supérieures à celle du JPEG. On obtient donc des fichiers d’un poids inférieur à qualité d’image égale. De plus, les contours nets et contrastés sont mieux rendus. Ainsi la compression des images jpeg2000 assure un affichage zoomé de ces images haute définition sans perte de résolution, ce qui est très utile dans le cas des cadastre. Bien sûr, pour que tout cela fonctionne, on part sur l’hypothèse que les archives départementales ont déjà numérisé en JPEG2000 ou ont déjà converti leur ancien format d’image JPEG ou/et TIFF dans ce nouveau format.
De plus, ces images ont l’avantage d’être décomposées en pavés indépendants (ou tiles en anglais ou tuiles) de plus ou moins grande taille, déjà générées au moment du chargement de l’image. Les tuiles adaptées au niveau de zoom s’affichent directement à l’écran, ce qui accélère l’affichage du zoom et donne une impression de fluidité.
Maintenant, appliquons donc ce concept à un personnage connu du Val d’Oise, Monsieur Vincent Van Gogh. Il est décédé le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise. Voici le permalien de son acte de décès vu dans la visionneuse IIIF des archives départementales du Val d’Oise : https://archives.valdoise.fr/ark:/18127/vta520327007e441/daogrp/0/75. Nous remarquons déjà dans la visionneuse la force du zoom profond.
La construction de l’espace de visualisation
Maintenant, je propose de pousser plus loin le standard IIIF dans ses retranchements. Toutes ces données IIIF sont interopérables : il est tout à fait possible de rapatrier toute sorte d’objets IIIF dans un même espace de visualisation multifenêtres. Ce dernier est une page web gérée par le logiciel de la visionneuse Mirador, qu’on peut obtenir sur https://portail.biblissima.fr/m3/?theme=dark .
Il suffit pour cela de rapatrier des documents dans la visionneuse Mirador, provenant de bibliothèques et d’archives numériques compatibles au standard IIIF pour les afficher, qu’il s’agisse de métadonnées textuelles ou d’images. Cette visionneuse permet de zoomer, comparer et annoter des images haute résolution. De plus, elle exploite à distance les données exposées provenant de ces différentes sources numériques. Toutes ces données restent hébergées dans leurs entrepôts respectifs. Comme nous l’avons déjà indiqué, c’est tout l’avantage du standard IIIF.
Mais ce protocole interopérable ne devient intéressant que si de nombreuses institutions adoptent ce standard. Or justement, France Archives et Biblissima mènent actuellement une campagne de sensibilisation dans l’ensemble des archives départementales pour que ce même format soit adopté. Il est déjà utilisé par de nombreux musées et bibliothèques dans le monde. Et quatre archives départementales l’ont déjà mis en place : celle de l’Aisne, du Val d’Oise, des Deux-Sèvres et de la Vienne, auxquelles se rajoutent depuis peu les archives départementales de Haute Garonne (https://francearchives.gouv.fr/fr/article/714850036).
Reprenons notre exemple de l’acte de décès de Vincent Van Gogh. À droite de l’image de la visionneuse, nous remarquons l’existence de l’URL du manifest IIIF. Le manifest au format json encapsule toutes les données du registre d’état civil, la composition du registre en liste d’images successives, le format d’image, les métadonnées descriptives et les services associées comme le service de recherche dans le texte océrisé, les transcriptions et d’autres annotations. Mais ici, il suffit de copier l’url du manifest et de l’ajouter dans la visionneuse Mirador :
Et voici le résultat:
Or nous aurions bien aimé associer en juxtaposition à droite son acte de naissance aux Pays-Bas. Nous avons bien retrouvé son acte de naissance dans les archives de Zundert aux Pays-Bas, dans la province du Brabant, le 30 mars 1853. Certes, l’image bénéficie là aussi d’un zoom profond, https://images.memorix.nl/wba/download/large/af535140-9423-12f9-3a3e-b7910ec886c4.jpg mais elle n’est pas au standard IIIF, ne possède pas de manifest IIIF et je ne peux donc pas l’ajouter à droite de son acte de décès dans Mirador.
La juxtaposition des informations sur un même espace
Je choisis alors de remplacer l’acte de naissance par quelques tableaux du maître entreposés à la fois dans la bibliothèque numérique Gallica et dans celle du musée Getty, qui proposent toutes les deux des images au format IIIF. On pourra ainsi comparer le tableau des Irises conservé dans les deux dernières institutions. J’effectue d’abord ma première recherche dans Gallica. On remarque dans la colonne d’informations à gauche de l‘image le bouton IIIF, en haut.
Je clique sur le bouton IIIF et je bascule dans la visionneuse IIIF proposée dans Gallica. On remarque au passage que le zoom a complètement changé de nature et on apprécie la célérité et la profondeur du zoom par rapport à la visionneuse Gallica classique. Je m’aperçois aussi que Gallica me propose deux vues du tableau :
Après un clic sur le bouton d’information « i » en haut à droite, je copie l’URL du manifest https://gallica.bnf.fr/iiif/ark:/12148/btv1b6904164c/manifest.json qui se trouve en bas des métadonnées descriptives en bas à droite, et je le colle dans la visionneuse Mirador, à côté de l’acte de décès. Toutes les fonctionnalités des deux visionneuses d’origine sont conservées dans chaque fenêtre de Mirador. Je peux donc parcourir les pages du registre à gauche ou sélectionner la seconde image du tableau à droite. Je fige ensuite le réglage de chaque fenêtre pour imprimer le tout.
De même, je constate que dans la bibliothèque numérique du Getty Museum, j’ai une autre image du tableau des Iris de Van Gogh :
Je décide donc de récupèrer l’URL du manifest et je l’ajoute dans notre visionneuse Mirador. Avantage ultime, je n’ai pas besoin de mettre en légende les droits de réutilisation associés à chaque image, puisque je peux les afficher dans chaque visionneuse de chaque fenêtre.
Sitographie
Pour en savoir plus sur IIIF, voici la page phare en français :
https://iiif.biblissima.fr/#iiif-collections
https://doc.biblissima.fr/iiif/introduction-iiif/#vision
Liens possibles concernant IIIF et la généalogie en archives :
https://francearchives.gouv.fr/fr/article/714850036
https://francearchives.gouv.fr/fr/article/705250527
Liens sur la visionneuse Mirador multifenêtrage mais pas encore dédiée à la généalogie :
https://mirador-dev.netlify.app/__tests__/integration/mirador/
https://demos.biblissima.fr/mirador3/
https://demos.biblissima.fr/mirador/
0 Comments